L’Estonie, en pointe sur le numérique, serait le premier pays à lancer sa propre crypto-monnaie.

Entre le bitcoin  qui a dépassé les 4.000 dollars et l’Ether qui  se pose comme son principal concurrent , les crypto-monnaies ont le vent en poupe. L’Estonie a saisi l’occasion pour réfléchir à sa propre devise cryptographique, qui serait baptisée « EstCoin ».

Petit pays du nord de l’Europe, l’Estonie est une nation avant-gardiste en matière de numérique. Son administration est considérée comme une des plus avancées au monde : on y trouve une e-ambassade, ses citoyens  peuvent voter électroniquement et  disposent d’une citoyenneté numérique  – un statut qui permet même aux étrangers hors-UE de gérer une entreprise dans le pays sans y mettre les pieds.

Le moins peuplé des trois Etats baltes – 1,3 million d’habitants – réfléchit maintenant à une ICO (Initial Coin Offering), un équivalent de l’introduction en Bourse (IPO) adapté au monde de la blockchain, qui permettrait au pays de lever des fonds.

C’est Kaspar Korjus, directeur général du  programme e-Residency au sein du gouvernement estonien,  qui explique ce projet dans une note de blog . « Les Estcoins pourraient être gérés par la République d’Estonie et rester accessibles à n’importe qui grâce au programme e-Residency », souligne-t-il, convaincu que les 22.000 personnes, issues de 138 pays, qui disposent déjà d’un statut d’e-resident, s’intéressent aux crypto-monnaies.

L’avantage de la crypto-monnaie est aussi qu’elle ne peut pas être contrefaite et ne peut pas être utilisée pour des activités illégales, ajoute-t-il.

Conseillé par le créateur de l’Ethereum

Vitalik Buterin, qui a fondé l’Ethereum en 2014, a fourni quelques conseils à l’Estonie pour ce projet. «Il pense que l’EstCoin pourrait inciter les investisseurs à soutenir l’économie du pays d’une manière qui n’est aujourd’hui pas possible via les investissements internationaux », précise Kaspar Korjus. La crypto-monnaie donnerait aussi aux e-residents davantage l’impression de «faire partie d’une communauté ».

Les fonds recueillis grâce aux Estcoins seraient gérés par le biais d’un partenariat public-privé (PPP) et ne seraient utilisés « que pour aider à créer une nouvelle nation numérique » : investissements dans les nouvelles technologies et innovations dans le secteur public, «depuis le contrat intelligent jusqu’à l’intelligence artificielle ».

En outre, « une grande partie des fonds pourrait être utilisé comme un fonds de capital-risque communautaire » pour les investisseurs, ajoute le directeur général. A terme l’EstCoin pourrait être utilisé comme moyen de paiement dans le pays, entré dans l’euro en 2004.

Avant d’enclencher quoi que ce soit de concret, Kaspar Korjus profite de sa note de blog pour appeler chaque citoyen et chaque e-resident à donner son avis sur ce projet de crypto-monnaie. Mais le directeur voit déjà loin : en cas de succès, il est prêt à changer le nom de l’EstCoin pour lui donner une ambition internationale.

Par Leila Marchand

Source Les Echos

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