Gordon Brown : Pour un G20 contre la crise du COVID-19

L’ancien premier ministre britannique Gordon Brown tire la sonnette d’alarme sur la gestion individualiste de la crise du Covid-19 par les Etats. Il appelle dans un article publiée dans Project Syndicate et co-écrit avec l’économiste Erik Bergolf et Jeremy Farrar, à la tenue d’un G20 consacré exclusivement à la pandémie que traverse notre monde et à ses conséquences dévastatrices sur l’économie mondiale.

Pour lui, il est important de coordonner une stratégie internationale pour atténuer le marasme économique vers lequel on se dirige. Quelles sont donc ces mesures sur lesquelles il est nécessaire de se coordonner ? 

     L’ancien Premier Ministre britannique explique d’abord que la première condition de résolution de la crise économique est  de mettre fin à l’épidémie dans tous les pays. Or, quand on constate que même les pays dotés des systèmes de santé les plus sophistiqués peinent à gérer cette pandémie, il est légitime de s’interroger sur les capacités des pays en développement à le faire.  

En effet, beaucoup de ces derniers ont un système de santé fragile ou ne peuvent appliquer les distanciations sociales à cause du manque de moyens logistiques et financiers. L’enjeu est que si ces pays ne parviennent pas à endiguer l’épidémie du Covid-19 chez eux, le virus risque de récidiver dans les pays qui ont déjà traversé la crise par retour de contagion.

Pour sortir le plus rapidement de cette pandémie, Gordon Brown estime qu’il faille faire ce qui a été omis de faire depuis plusieurs années, à savoir, mettre de l’argent dans les agences de santé publique, financer la recherche scientifique et coordonner les efforts de développement de thérapie et de vaccins. Ces financements doivent être équitables et accompagner les pays en développement dans cette épreuve notamment en remédiant à leurs déficiences en respirateurs, en fournitures médicales et en lits d’hôpitaux pour les soins intensifs. 

   Selon, le « Imperial College » de Londres, les problèmes de santé publique que rencontrent les pays en développement, conjugués au manque d’eau et à l’incapacité de répondre aux normes d’hygiène obligatoires pour faire barrage au virus du Covid-19 laisse estimer le nombre de morts à 900 000 en Asie et 300 000 en Afrique. 

     Gordon Brown revient également sur le défi économique auquel vont faire face les gouvernements nationaux ; la récession mondiale ne doit pas se transformer en dépression. Pour ceci des mesures fiscales, monétaires et commerciales ont été prises au niveau local. Néanmoins, il estime que celles-ci ne seront efficaces que si il y’a une coordination entre les états ainsi qu’une adhésion de tous les pays en capacité de le faire. Les banques doivent également participer à cet effort en continuant à accorder des crédits aux entreprises, afin d’atténuer des vagues de licenciement qui ont déjà commencé à l’instar des Etats-Unis. 

    Dans ce sillage certains pays en développement en Asie, Afrique et Amérique Latine ne pourront pas s’aligner sur les mêmes mesures, c’est pour cela qu’il est impératif d’apporter une assistance économique à ces pays. Gordon Brown avance le chiffre de 150 milliards de dollars pour protéger les économies en développement mais insiste sur le fait que la première mesure devrait être d’abord, l’effacement de la dette de l’Afrique pour l’année 2020 et qui est estimée à 44 milliards de dollars appelle également la banque mondiale à tenir la même position qu’en 2009 et d’augmenter ses dépenses de 16 milliards à 44 milliards ainsi que son plafond de prêt.

   Enfin, Gordon Brown  conclue ses propositions en insistant sur la nécessité de la coopération internationale pour sortir de cette crise en rappelant que le temps ne joue pas en notre faveur et que même si le cout économique s’avère  élevé , il nous permettra d’éviter des conséquences plus dramatiques que celles que nous subissons aujourd’hui.  

Par Mehdi Kerriche, Hautes Etudes Internationales et Politiques (HEIP)

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