Au Danemark, le métier de techplomate (Techplomatie) va naître. Ce poste mêlant hautes responsabilités diplomatiques et contact privilégié avec la Silicon Valley est loin d’être anodin pour la diplomatie mondiale : l’idée danoise pourrait par ailleurs faire des émules. Les hauts fonctionnaires en relation directe avec les géants du web deviennent une nécessité pour les États.
La semaine passée montrait l’importance prise par les relations entre États traditionnels et gouvernance des géants du web : au cours d’une rencontre bilatérale entre Mme May et M. Macron, ils furent le sujet principal de discussion. Il faut dire qu’entre l’essor du terrorisme alimenté par le web et les fake news, sans parler de l’optimisation fiscale, les réseaux sociaux et géants de la tech et du web ont été particulièrement mobilisés par des États qui prennent progressivement conscience de leur importance. Une importance notamment politique et juridique puisque chacun de ces géants partage des responsabilités dans les pays où il opère.
Techplomatie: Un métier d’avenir
Afin d’améliorer et fluidifier ses relations avec ces entreprises colossales, le Danemark commence donc à normaliser une forme de techplomatie. Avec notamment, un ambassadeur du pays qui logera dès septembre sur la côte ouest américaine et restera disponible pour tous les géants de la vallée souhaitant consulter l’État danois — et inversement.
Casper Klynge, diplomate, hérite de ce nouveau poste à hautes responsabilités. Il sera désormais en lien direct avec Facebook, Apple ou encore Alphabet. Il explique à Reuters : « Nous continuons notre activité diplomatique auprès des pays et institutions, mais nous regardons aussi du côté des relations que nous pouvons avoir ces énormes entreprises de la tech. »
Pour l’État danois, cet ambassadeur sera l’occasion de mieux comprendre et anticiper les grands bouleversements qui déferlent sur nos sociétés, avec pour origine commune les innovations de la Silicon Valley. Mais le techplomate aura également comme tâche de défendre et promouvoir le territoire danois auprès de ces sociétés. Lucide, le diplomate précise : « Si vous regardez ce que ces entreprises veulent dire pour votre vie et la mienne, en termes d’implication et d’importance, la plupart de celles-ci ont un plus grande influence sur nos vies que la plupart des nations. »
L’Etat et le géant, un couple en devenir
Et en effet, si l’on se penche seulement sur l’aspect économique, le Danemark et son PIB de l’an passé font pâle figure face à Facebook et son chiffre d’affaires : respectivement, on compte 310 milliards de dollars pour l’État danois et 437 milliards de dollars pour Facebook.
Enfin, Klynge ne cache pas l’aspect le plus délicat de son nouveau travail : porter devant ces groupes les demandes gouvernementales d’information, déchiffrées, sur des éventuels terroristes. Pour le diplomate, sa prise de fonction au lendemain des événements londoniens fait sens et montre qu’une coopération peut et doit exister entre les États nations d’hier et les géants du web d’aujourd’hui.
L’idée d’un techplomate pourrait faire son chemin auprès des autres États occidentaux qui sont encore nombreux à chercher le bon format pour ouvrir une discussion avec les géants du web. Dans les cabinets hexagonaux, on retrouvait ainsi des techplomates proches des Google et Facebook mais dont le rôle n’était pas aussi clair que celui du Danois dépêché en Californie. À Bruxelles, également, l’idée pourrait faire des émules alors que les fonctionnaires européens peuvent avoir une relation tendue avec les mêmes géants.
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