Si en novembre 2017 la Commission européenne s’était plutôt prononcée en faveur du développement de la pêche industrielle au « chalut électrique », le 16 janvier dernier, le Parlement européen statue pour l’interdiction totale de cette pratique.

Officiellement, la pêche électrique est interdite par Bruxelles depuis 1998, au même titre que la pêche aux explosifs ou aux poisons, néanmoins, depuis la fin de l’année 2006, trois dérogations successives ont été accordées aux pêcheurs néerlandais, les autorisant à la pratiquer dans une partie de la mer du nord, les Eurodéputés votent finalement son interdiction par 402 voix contre 232.

De quoi s’agit il ?

Le procédé du chalut électrique consiste à faire passer un courant de 15 volts dans les chaînes situées le long du filet qui racle le fond des océans, les bateaux sont équipés d’électrodes qui envoient des décharges électriques dans les sédiments. Cette technique est destinée essentiellement aux poissons de fond que le flux électrique attire, provocant ainsi une contracture musculaire qui les contraints à remonter à la surface, où ils sont pris dans les filets. Les poissons plats tels que la soles, les plies et les turbots sont les espèces les plus concernées par ce procédé.

Une méthode très controversée

Cette technique de pêche fait l’objet d’un débat public depuis plusieurs années, ses détracteurs, essentiellement les associations de protection de l’environnement, et une large majorité de pêcheurs français, l’accuse d’être néfaste pour l’écosystème, car l’électrocution n’est pas sélective et finit par détruire l’ensemble des fonds marins.

D’un autre côté, selon les partisans de cette technique, l’électricité présente des avantages : elle oblige les poissons à sortir de la couche protectrice de sédiments pour se jeter dans les filets, ce qui rend inutile le raclage sur plusieurs centimètres de profondeur du sol marin.

Ils mettent également en avant une réduction des consommations d’énergie, car la pêche étant plus efficace, le temps passé en mer est réduit, par voie de conséquence, la consommation de carburant également, une baisse de 50 % a été constatée sur les premiers bateaux équipés.

L’association Bloom, qui sensibilise sur la conservation marine, reconnaît que cette pêche permet de diminuer les dépenses de carburant, néanmoins, elle signale que « le courant électrique n’épargne aucun organisme : toute la vie marine est électrocutée. En octobre 2017, l’association avait porté plainte contre les Pays-Bas pour violation de la législation ; 84 navires néerlandais étant équipés au lieu de 15. Les pêcheurs utilisaient par ailleurs, selon Bloom, des tensions électriques comprises entre 40 et 60 volts alors que la tension réglementaire est de 15 volts. Selon l’ONG  ” cette pratique provoque des lésions sur les poissons et affecte tout l’écosystème car elle n’est pas sélective.”

Les ONG écologistes, ainsi qu’une grande partie des pêcheurs français saluent la décision des eurodéputés d’avoir voté pour l’interdiction, cependant, ce vote n’est qu’une étape sur le long parcours législatif du texte au sein de l’UE, le Parlement doit maintenant entrer en négociation avec le Conseil et la Commission européenne pour trouver un compromis définitif.

Par la Rédaction.

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