Certaines plantes nuisibles recèlent un capital et des possibilités insoupçonnées.

Elles portent les noms de Typha, Jacinthe d’eau, ou encore Croton. Ces plantes ont pour points communs de proliférer en Afrique, d’être invasive, et de menacer l’équilibre de la biodiversité. Pourtant, lorsqu’elles sont valorisées correctement, elles peuvent devenir une véritable source de richesse nationale, aider à améliorer les conditions de vie de millions de personnes, et lutter contre le changement climatique.

Le Typha

Appelé aussi Massettes, le Typha est une plante invasive semblable aux roseaux. Elle pousse en colonie dense dans des endroits humides : lacs, marais, abords de rivières.

Le Monde rapporte que le Typha a trouvé un terrain favorable à sa prolifération en Mauritanie depuis la mise en service du barrage  Diama, situé à 27 km de l’embouchure du fleuve Sénégal. Les plantes forment un tapis vert qui se développe depuis les rives jusqu’au fleuve. Il s’étend aujourd’hui sur une surface de 130 km.

Le typha constitue également un frein à l’activité économique de la région. Il réduit les zones de production agricole, empêche la pousse d’autres plantes et appauvrit l’oxygène présent dans l’eau. La Typha favorise aussi la stagnation des points d’eau et le retour de moustiques et de parasites. Il réduit également l’oxygène des eaux et menace la pêche fluviale, et rend difficile la circulation des embarcations.

Le GRET, une ONG française collaborant en Mauritanie, a lancé une initiative qui consiste à transformer le Typha en bio-charbon. Elle vise un double objectif : limiter l’envahissement de cette plante et en faire une ressource énergétique locale.

L’association œuvre également à lutter contre la déforestation, et les rejets de CO2.

En effet, ce procédé permet de réduire la production de charbon de bois issu de forêts non gérées de la région. Non seulement, le Typha repousse très vite en comparaison aux arbres, mais en plus, le bio-charbon produit est plus écologique que le classique.  Selon l’ONG, une tonne de charbon de Typha permet ainsi d’économiser 7 tonnes de CO2, par rapport à du charbon de bois.

La jacinthe d’eau

Cette plante aquatique est originaire d’Amérique du Sud. Introduite en Afrique au XIXe siècle comme plante ornementale, elle s’est rapidement répandue dans les zones tropicales. Comme le Typha, sa prolifération perturbe l’équilibre de l’écosystème où elle s’installe, cause des maladies, et impacte l’économie. Elle a envahi nombre de pays africains : le Zimbabwe, le Nigeria, l’Éthiopie, le Kenya, ou encore le Bénin.

Pourtant , la feuille et la racine, une fois transformées, peuvent avoir de nouvelles propriétés incroyables.

Green Keeper Africa, une start-up béninoise, a créé la première bioraffinerie du continent, qui transforme cette problématique en richesse.

Jeune Afrique rapporte que l’entreprise emploie près de 700 récoltants, dont 85 % sont des femmes. Le sac de 10 kg de jacinthes d’eau séchées s’échange contre 400 F CFA, soit environ 60 centimes d’Euros.

Ainsi, l’écosystème est ponctuellement rééquilibré. Ces plantes nuisibles sont transformées en produits biofertilisants ou biocombustibles, et en fibres alimentaires pour les animaux d’élevage.

Autre utilisation, et non des moindre, la jacinthe d’eau se transforme en une poudre absorbante organique servant à la dépollution des hydrocarbures et huiles industrielles.

En 2016, la start-up a atteint 32 millions de F CFA de chiffre d’affaires, soit environ un demi-million d’Euros, elle emploie aussi une quinzaine de personnes.

Le Croton

Connu localement sous le nom de Mukinduri, le Croton est une espèce qui pousse en abondance au Kenya.

Initialement destiné à l’ombre ou au bois de chauffage, cet arbre est maintenant considéré comme une excellente ressource économique. Les noix du croton sont, entre autre, une source abondante de biocarburant.

Eco Fuels Kenya, une start-up kényane fondée en 2012, valorise cette ressources naturelles en la transformant en biocarburant plus écologique que le diesel.

En effet, l’huile extraite des graines génère 78% moins d’émissions de dioxyde de carbone que le diesel.

Autre avantage, les graines ne sont pas comestibles, ce qui est un atout par rapport aux biocarburants produits à partir de plantes comestibles. Les Crotons poussent en abondance au Kenya, de ce fait, il est peu probable qu’ils remplacent les terres destinées à d’autres cultures.

Toutes ces initiatives pourraient apporter un avenir durable pour des millions de personnes, en Afrique et ailleurs dans le monde. Dans la mesure où nous avons tous besoin d’énergie économique et écologique. .

Par : la rédaction

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