L’acronyme PIB a une nouvelle signification. L’association environnementale italienne Legambiente lui a donné celle de Produit intérieur des bicyclettes.

Elle prend comme point de départ le célèbre discours de Robert Kennedy en 1968 sur le PIB. « ll prend en compte, dans ses calculs, la pollution de l’air, la publicité pour le tabac et les courses des ambulances qui ramassent les blessés sur nos routes (…). Il ne mesure pas la beauté de notre poésie ou la solidité de nos mariages. Il ne songe pas à évaluer la qualité de nos débats politiques ou l’intégrité de nos représentants. »

Plus de 4 milliards d’euros

Legambiente, elle, prend en compte l’incidence positive des bicyclettes sur les facteurs économiques et sociaux, avec les différences régionales très marquées qui s’imposent en Italie. Ce nouveau PIB représente ainsi un peu plus de 4 milliards d’euros en moyenne.

Dix paramètres sont pris en considération. Parmi eux, le marché des deux roues en tant que tel (1,2 milliard), les économies qu’une activité physique régulière fait réaliser au système de santé, les bénéfices sanitaires pour les enfants (960 millions), ceux liés à la réduction de l’absentéisme sur le lieu de travail (193 millions), l’amélioration de la qualité de l’air (18 millions) ou encore l’économie de carburant (127 millions). Sans oublier celles permises par l’entretien moins coûteux des routes et différentes infrastructures.

Près de 1,8 million d’usagers

Ce calcul du PIB d’un nouveau genre a été présenté dans un rapport dans le cadre des Etats généraux de la mobilité urbaine, qui ne prenait pas en compte le cyclotourisme. Un secteur qui représente, à lui seul, plus de 2 milliards d’euros par an.

D’après l’Istat, les usagers réguliers de la petite reine sont près de 1,8 million dans la péninsule. Ils sont 3,5% des salariés à l’utiliser pour se rendre au travail et 2,4% des écoliers et étudiants pour rallier leur établissement scolaire. L’Italie est en queue de peloton en Europe, où la moyenne est de 8%.

Disparités régionales

Les disparités régionales sont évidemment énormes, entre un centre-nord en adéquation avec les chiffres européens et un centre-sud qui accuse un important retard avant tout en termes de pistes cyclables. Si à Bolzano 6% des habitants sont des cyclistes et profitent des nombreuses pistes parcourant la ville à l’image de Pesaro avec son Bicypolitain de 85 km, à Rome seulement 0,5% des résidents se déplacent à vélo.

C’est tout le paradoxe d’une Italie qui détient le triste record européen du plus grand nombre de voitures par habitants et nourrit, dans le même temps, une profonde et ancienne passion pour le cyclisme.

Par Olivier Tosseri

Source: Les Echos

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