La neutralité du net, c’est terminé aux États-Unis. La commission fédérale des communications (FCC) a décidé d’abroger la – net neutrality – qui fait pourtant partie des fondements d’Internet. Dans les faits, les fournisseurs d’accès à Internet vont pouvoir s’affranchir de la « garantie d’égalité du traitement des flux de données ».
Un Internet à plusieurs vitesses – voire à la carte
C’est une grave décision. En France – en Europe plus précisément – les fournisseurs d’accès à Internet doivent respecter ce principe de neutralité depuis l’application de cette directive européenne en avril 2016. Ils ne peuvent décider de bloquer certains sites ou de brider leur accès. Le fait de souscrire à une offre Internet vous donne accès à l’ensemble du net, avec la même qualité de service. Les FAI ne peuvent pas non plus décider de bloquer les protocoles, comme le peer-to-peer.
Sans neutralité du net, un fournisseur d’accès peut estimer que « YouTube consomme beaucoup de bande passante » et décider de ne pas inclure YouTube à son offre de base. Et proposer YouTube en supplément. Ou ne pas proposer YouTube du tout d’ailleurs. Sans neutralité du net, les FAI ont le pouvoir de décider des contenus auxquels vous pouvez accéder.
Google déploie la fibre aux USA via son offre Google Fiber. Avec la fin de la neutralité du net, Google est en droit de bloquer ses concurrents comme Qwant, Bing, Yahoo et les autres. Il peut aussi décider de bloquer les publicités affichées sur ces sites pour limiter leurs revenus. Si Facebook se lançait dans l’aventure, il pourrait choisir de brider votre accès à Snapchat pour vous inciter à publier vos stories sur Instagram.
De l’Internet aux Internets
Cette décision de la FCC va permettre aux FAI de proposer les services qui leur coûtent cher en supplément. On pense notamment aux flux vidéo (Netflix, YouTube, vidéos sur les réseaux sociaux…). Mais les internautes resteront-ils chez un opérateur qui ne leur donne pas un accès neutre à leurs plateformes préférées ?
Cette décision va aussi – et surtout – leur permettre d’aiguiller les abonnés vers des services qui leur rapportent. C’est particulièrement impactant quand les fournisseurs d’accès sont aussi producteurs de contenus. En France, SFR appartient au groupe Altice, qui détient plusieurs médias (L’Express, Libération, BFM, RMC…). Sans respect de la neutralité du net, SFR pourrait décider de bloquer les concurrents de ces médias ou vous obliger à payer un supplément pour y accéder. Les autres FAI pourraient quant à elle décider de bloquer l’accès aux médias détenus par SFR.
L’Europe est protégée mais les FAI militent contre la neutralité
En France, les abonnés de Free ont sans doute été les plus impactés par les tentatives de remise en cause de ce principe fondateur d’Internet. On se souvient notamment du combat mené contre Google, en bridant les vidéos YouTube et en bloquant les publicités. D’autres patrons d’opérateurs télécoms, comme Stéphane Richard (Orange) se sont récemment prononcé en faveur de la fin de la neutralité. Les internautes européens sont prévenus, ils devront rester mobilisés pour conserver leurs droits et ne pas connaître le même sort que les Américains.
Par Thomas Coëffé
Source: Le blog du modérateur
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