Le corps humain est un paresseux doué en ingénierie

L’organisme humain serait avant tout un économiseur d’énergie. Consciemment ou inconsciemment, il choisit la solution la plus facile pour accomplir une tâche, une activité, prend le chemin le plus court pour se rendre à un endroit. En n’oubliant jamais de joindre l’utile à l’agréable.

Les observations cliniques d’une équipe en ingénierie robotique démontrent qu’une personne, en l’espace de 5 minutes, adapte la fréquence de ses pas afin d’obtenir le maximum de rendement. Qui plus est, cette adaptation lui permet de conserver son énergie. La somme énergétique demandée pour toute exercice n’est pas à priori l’ambition de performer mais le besoin de minimiser constamment l’effort.

Le corps humain fait sa propre gestion des appels à la pause. Le sommeil est le principal récupérateur d’énergie. Mais pour réguler les effets de certaines activités, il donne des alertes arrêts – la lourdeur ressentie, les bâillements à n’en plus finir, les baisses de régime. Bref, nous ne serions que partiellement  responsables de nos états de nonchalance.

Également, les spécialistes soulignent le rôle de la dopamine et ses avantages hyper importants dans tout le processus. Celle-ci étant l’épicentre de la motivation et de la récompense, la quantité reçue par chaque personne détermine son goût à la participation. Sans une dose minimale de dopamine, le corps manquera d’entrain. Il préférera rester assis et, en digne « squat du canapé », il quittera difficilement son environnement confort-salon-télé-tablette-ordi.

L’unité dopamine enregistre aussi tout plaisir et déplaisir de façon permanente et retransmet ses informations au groupe ADN et, bien sûr, au gène de la paresse. Que ce soit les divertissements agréables – sexe, bonne bouffe et autres ou les contraires – exercices physiques exigeants, obligations variées pénibles.

Les résultats de nombreuses recherches en génétique des dernières années ont fait découvrir les qualités de la paresse et ses impacts positifs sur le corps humain. Elle protége notre organisme contre les essoufflements dangereux et nous signale l’épuisement. Elle refusera ou acceptera d’accomplir l’effort mais pas avant d’en avoir mesuré l’amplitude, la durée et le tempo.

La paresse administre notre système énergétique et influence aussi notre motivation. On l’identifie en tant que  gène central de nos penchants à l’inertie. Le gène de la paresse fait partie des composantes significatives de l’ADN au même titre que les gènes porteurs de l’impulsivité ou de la procrastination. Les scientifiques soulignent qu’il y a eu mutation naturelle du gène gouvernant la nécessité de bouger. Ainsi, la filière héréditaire modèlerait certains de nos comportements mollassons.

Ce groupe de scientifiques espèrent élucider les mécanismes du corps humain qui régissent le coût énergique de chaque déplacement. Ils observent que l’organisme semble en perpétuelle résolution de problème afin d’optimiser tout mouvement. À titre d’exemple, la marche qui exige une coordination de milliers de muscles suscite ce questionnement : comment l’organisme humain reconnaît si rapidement les combinaisons idéales, maximales, pour limiter ses efforts et économiser ses énergies ?

L’une des membres de l’équipe, déclarera en parlant de l’organisme humain : « Il faut être inventif pour être si paresseux ». Ajoutons à ce constat celui d’un copain affirmant que la paresse serait souvent à l’origine de plus d’une invention. La tendance semble confirmer les deux assertions!

Par Murielle Gagné, Journaliste/freelance

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