Lors d’un discours proclamé le 11 avril à Hong Kong, Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, a abordé quelques axes pour la stimulation de la productivité et de la croissance mondiale. Outre le fait que les pays doivent accélérer leurs réformes économiques et intensifier leur action, elle a entre autre, mis l’accent sur la nécessité de libérer le secteur des services, notamment dans les pays en voie de développement, et sur celle de la transformation numérique de l’administration.

 

Libérer le potentiel du secteur des services, en priorité dans les pays émergents

 

Selon Christine Lagarde, le passage d’une économie fondée sur l’agriculture à une économie fondée sur les service est une phase incontournable pour une croissance dynamique, et peut également constituer un facteur important pour l’équité et la parité homme/femme, notamment en favorisant l’accès à l’emploi à des millions de femmes, elle affirme :

« Nos derniers travaux montrent toutefois que certains secteurs de services, en particulier les transports, les communications et les services aux entreprises, peuvent atteindre les niveaux de productivité du secteur manufacturier. C’est une donnée vitale pour des pays tels que les Philippines, la Colombie ou le Ghana, où l’emploi et la production délaissent l’agriculture au profit de services à haute valeur ajoutée. C’est également important pour le bien-être économique de millions de femmes, qui représentent souvent la majorité des travailleurs du secteur des services. »

Elle admet que la libération de ce potentiel n’est pas une mince affaire, et rappelle d’une part, la responsabilité des pouvoirs publics qui doivent davantage investir dans l’éducation, la formation et l’aide à la recherche d’emploi, et d’autre part, souligne que les secteurs des services doivent s’ouvrir davantage à la concurrence.

« Il y a également fort à faire à l’échelle mondiale. Nous devons développer les échanges internationaux dans les services, y compris le commerce électronique, en abaissant les barrières dans ce domaine, qui restent extrêmement élevées. » Poursuit-elle.

 

la transformation numérique de l’administration

 

Le deuxième facteur susceptible « de changer la donne » et d’apporter une économie plus durable, et plus équitable, réside dans la transformation numérique de l’administration ; la digitalisation permettrait une gestion plus efficace et plus souple des questions administratives, ainsi qu’une meilleure gouvernance.

« En matière de technologies et de systèmes de pointe, le secteur public peut montrer la voie. L’Asie ne manque pas d’exemples : En Inde, les citoyens reçoivent directement les subventions et les prestations sociales sur leurs comptes bancaires, qui sont associés à des données d’identification biométriques uniques. En Australie, l’administration fiscale collecte des informations sur les salaires en temps réel, ce qui l’informe directement sur l’état de l’économie. Et ici à Hong Kong, les clients des banques pourront bientôt utiliser leurs numéros de portable et leurs adresses électroniques pour effectuer des virements ou faire des achats, grâce à un nouveau système de paiement financé par l’État. » A déclaré la directrice générale du FMI.

Les méga données pour lutter contre la corruption

 

En outre, la transformation numérique permettrait de lutter plus efficacement contre la corruption, et assurerait une meilleure transparence :

« Par exemple, selon une étude récente [10], près de 20 % des recettes publiques, soit environ 5.000 milliards de dollars, disparaissent chaque année en raison de l’incivisme fiscal et de paiements de l’État mal acheminés. En s’appuyant sur de nouveaux outils, tels que l’analyse des mégadonnées, les États peuvent réduire ces pertes, qui sont souvent directement imputables à la corruption ou à l’évasion fiscale. Les fonds ainsi recouvrés leur permettraient d’augmenter les dépenses prioritaires.On le voit, l’administration numérique peut accroître l’efficacité et l’efficience des services publics , et améliorer le quotidien de la population

Quel potentiel gigantesque pour l’interaction numérique ! Mais aussi un rappel : nous devons exploiter la technologie de manière efficace pour accomplir de plus grands progrès sur le plan du développement. » Affirme-t-elle.

 

Par : N. Lepoint, journaliste à Gouvernance.news.

 

Retrouvez l’intégralité du discours ici.

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