Une décennie après la disparition de l’Abbé Pierre, la fondation éponyme créée en 1988, publie son 23 eme rapport annuel du mal-logement, elle pointe du doigt les nouvelles formes de précarité dues à la crise du logement, notamment le surpeuplement des habitations, la précarité énergétique, et le déséquilibre entre prix des loyers et les revenus.

La Fondation Abbé Pierre révèle des tendances alarmantes à l’aggravation de la situation pour la plupart des indicateurs disponibles, qu’il s’agisse du nombre de personnes sans domicile, d’hébergés chez des tiers, de personnes subissant un effort financier excessif pour se loger ou encore de ménages souffrant du froid à domicile.

C’est la deuxième année consécutive que la Fondation décide d’intégrer à son décompte deux nouvelles formes de fragilisation par le logement, car autour du noyau dur du mal-logement, constitué de 4 millions de personnes, près de 12 millions de personnes sont affectées par la crise du logement d’une manière ou d’une autre, avec de réelles répercussions sur la vie de famille, la santé, l’environnement quotidien, le confort ou les fins de mois difficiles.

Logements trop chers et trop froids

Selon la fondation, la question de la précarité énergétique touche des millions de personnes qui subissent des dépenses énergétiques excessives ou ont froid à leur domicile parce qu’ils n’ont pas les moyens de se chauffer correctement, il s’agit des ménages modestes dont le nombre s’élèverait à 3 558 000 personnes (1 443 000 ménages).

Le président actuel de la fondation, Laurent Desmard a déclaré :

« Et c’est ainsi que l’offre ne répond bien souvent pas à la demande, que le parc de logements ne répond pas aux réels besoins. Ici, on demande trop cher à un public qui a des moyens contraints, là, on l’oblige -faute de mieux -à vivre dans l’indécence. »

L’effort financier excessif concerne quant à lui les ménages modestes appauvris par des niveaux de loyers insoutenables, en particulier dans le parc privé. Il touche 5 732 000 personnes qui consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement, ne leur laissant pour vivre qu’un revenu inférieur à 65 % du seuil de pauvreté, soit 650 euros par mois et par unité de consommation.

Au total, ce sont donc 14 632 000 personnes qui sont victimes de la crise du logement, qu’elles soient mal logées ou socialement fragilisées, entre 2002 et 2013, le nombre de personnes de plus de 25 ans contraintes, après une période de logement autonome, à revenir habiter chez leurs parents ou grands-parents faute de logement autonome, a augmenté de 20 %, il est passé de 282 000 à 338 000, cette hausse traduit la difficulté croissante, en particulier pour les jeunes, d’accéder à un logement à un coût modéré.

La sur-occupation des logements, un phénomène inquiétant

D’après le rapport de la fondation, le surpeuplement des foyers apparaît comme une problématique de mal-logement contemporaine, le problème toucherait 2,7 millions de ménages en France, soit 8,5 % de la population, il concernerait divers profils de la population : des personnes sans domicile qui sont contraintes de recourir à des solutions d’habitat d’urgence, ou des propriétaires modestes n’ayant pas eu les moyens d’acheter un bien assez grand, ou encore des locataires du parc HLM ou du parc privé qui ne parviennent pas à accéder à un logement adapté à leurs besoins : tous subissent des conditions de vie extrêmement difficiles du fait de la sur-occupation.

À Paris, on estime que près de 7 000 chambres de service avec une surface inférieure à 9 m² sont occupées à titre de résidence principale, sans confort, sans toilettes, parfois même sans eau, ces chambres sont situées dans des combles souvent mal isolés.

Quelques chiffres du mal logement

  • 25 000 personnes ont pour résidence principale une chambre d’hôtel
  • 2 819 000 vivent en situation de « surpeuplement accentué », dont 85 000 seraient privés du confort le plus rudimentaire, comme les sanitaires ou le chauffage.
  • 4 299 000 personnes modestes (1 055 000 ménages) , vivent en situation de surpeuplement dit « modéré », c’est-à-dire qu’il leur manque une pièce par rapport à la norme d’occupation.
  • 1 210 000 personnes locataires étaient en situation d’impayés de loyers ou de charges au moment de l’enquête, s’exposant ainsi à une procédure d’expulsion  locative.
  • 5 732 000 personnes consacrent plus de 35 % de leurs revenus à leurs dépenses de logement, ne leur laissant pour vivre qu’un revenu inférieur à 65 % du seuil de pauvreté
  • 45 % des ménages parisiens les plus pauvres habitent dans un logement surpeuplé, ce chiffre tombe à 7 % dans les communes rurales.
  • 1 123 000 personnes, propriétaires occupants, vivent dans des copropriétés en difficulté, subissant un très mauvais fonctionnement, des impayés de charges nombreux et importants ou une absence de travaux d’entretien

Par la Rédaction

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