Le citoyen Algérien ordinaire pense que les choses se sont tellement dégradées qu’il est utopique, voir impossible de se débarrasser de ce fléau qui a gangrené profondément toute la société Algérienne.

Ce citoyen n’a pas tout à fait tort d’avoir cette vision négative, du moins en partie. Si cinquante cinq ans après notre indépendance nous n’avons pas encore réussi à mettre en place un véritable système démocratique en Algérie, la corruption quant à elle, a réussi et s’est largement “démocratisée”.

Toutefois, il serait utile de préciser que la corruption et les comportements déviants ne concernent pas uniquement les détenteurs de pouvoirs mais l’ensemble des strates de la société Algérienne. Cela va du petit agent administratif d’une collectivité territoriale perdue aux fins fond du territoire, au premier responsable d’une administration centrale ou d’une importante entreprise publique.

La corruption en Algérie n’est plus un problème de criminalité ou de droit commun uniquement, elle est devenue un phénomène de société. Les secteurs d’activités les plus touchés par ce phénomène sont bien identifiés et connus de tous et il me semble qu’il n’est pas nécessaire de les lister tous. La corruption se nourrit et se développe grâce à la bureaucratie, à la mauvaise gouvernance de la chose publique, à l’incompétence et à la médiocrité.

Même la législation mise en place pour se protéger de ces déviations a été détournée de sa vocation initiale pour servir exclusivement la corruption. “Payez et tous vos soucis disparaîtront comme par enchantement“, tel est l’hymne des corrompus. La corruption est même devenue une vocation pour beaucoup de personnes qui sont arrivés à développer chez eux et avec le temps, une imagination très créatrice et innovante pour parvenir à leurs desseins malveillants.

Qu’est-ce qui a favorisé cela ?

L’argent facile bien sûr. L’addiction à l’argent facile est une maladie chronique et incurable que j’ai nommée “La chkaratite“. Lorsque l’on est atteint par cette addiction s’en est fini de nous. Aucun centre de désintoxication à cette addiction n’existe à travers le monde pour vous soulager et vous débarrasser de cette lèpre du 21ème siècle. C’est l’impasse totale quant à une issue heureuse à votre situation.

Comment sommes-nous arrivés à cette situation qui menace dangereusement la stabilité et l’avenir de ce pays ainsi que la prospérité future des jeunes générations ? 

Nos chercheurs universitaires toutes disciplines confondues ont comme défi majeur cette thématique qui reste à creuser, à ausculter, à approfondir et à diagnostiquer afin d’apporter des pistes de réflexion quant aux solutions à ce phénomène.

Pour ma part, je dirais que la décennie noire des années 90 pourrait expliquer, mais en partie seulement, l’état de délabrement dans lequel se trouve aujourd’hui notre société. Il faut admettre que durant cette période sombre de notre histoire contemporaine, l’État et l’ensemble de ses démembrements n’étaient préoccupés que par la survie du pays qui était menacé de disparition. L’État était en position de stricte et légitime défense pour sa survie.

Il ne faut pas se voiler la face, l’Algérie a vécu une gigantesque agression bien planifiée et généralisée visant sa destruction définitive. Le destin de notre pays en a décidé autrement et l’histoire qui sera écrite dans les années à venir révélera les tenants et aboutissants du complot qui a visé notre jeune nation.

Que faire alors devant cet état des lieux peu reluisant pour notre jeune nation ?

Il faut rappeler d’abord que la corruption telle que nous la vivons aujourd’hui n’est pas apparue hier mais a bien mis presque une double décennie pour s’incruster profondément dans notre société. Le remède à ce mal profond devra lui également s’inscrire dans une durée au moins équivalente.

Il n’y a pas à mon sens de solution miracle disponible pour mettre un terme à ce fléau. La précipitation, les campagnes éphémères, les discours politico-politiciens mèneront très certainement à l’impasse et pourquoi pas à des effets contraires encore plus nuisibles.

S’attaquer frontalement à la corruption est une très mauvaise stratégie qui peut conduire inévitablement à une déstabilisation encore plus prononcée et porteuse de risques majeurs pour notre jeune nation.

La corruption est un phénomène planétaire qui touche de nombreux pays, certes de façon différente d’un pays à l’autre mais pas uniquement l’Algérie. Nos voisins immédiats sont également et directement concernés par cette problématique ainsi que de nombreux autres pays Arabes. Le continent Africain est lui aussi touché de manière durable par le phénomène de la corruption.

Afin de mieux illustrer la complexité du phénomène de la corruption, je citerais Mr Youcef Chahed, Chef du Gouvernement Tunisien, qui a déclaré en septembre 2016 que “la lutte contre la corruption et le terrorisme” sont les faces d’un même phénomène ciblant le citoyen, axe central de tout développement”. Il a ajouté que la guerre contre la corruption, en demandant des comptes aux coupables, est “plus complexe, parfois plus difficile que la lutte contre le terrorisme”.

La lutte contre la corruption est une grosse et lourde entreprise. C’est le fléau de tous les pays qui essayent d’émerger. Elle ne peut être qu’une action de longue durée. Les pays développés (nos partenaires) ont une part de responsabilité dans ce fléau et qu’ils doivent assumer. Le défi est difficile, complexe et risqué mais pas impossible.

La transparence, une meilleure gouvernance, l’instauration d’un régime démocratique, la liberté de la presse et d’opinion sont des pistes à creuser. La lutte contre la corruption vaut la peine d’être engagée et ce malgré sa complexité.

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