L’intelligence artificielle n’en est qu’à ses prémices. Elle pourrait bientôt bouleverser un bon nombre d’emplois. Qu’en est-il alors des métiers de l’informatique, l’IA remplacera-t-elle ceux qui ont contribué à sa création ?

L’intelligence artificielle est un domaine qui connaît une expansion fulgurante. Elle est présente partout, dans nos téléphones, nos voitures, et sur notre lieu de travail. Au fur et à mesure que l’IA continue de croître, les limites de ce qu’elle peut réaliser diminuent. Dans un futur proche, il est probable d’assister à une véritable métamorphose dans beaucoup de secteurs, et la programmation informatique n’est pas épargnée.

L’incontournable intelligence

L’intelligence artificielle est un réseau neuronal capable d’imiter le fonctionnement du cerveau humain. Qu’il s’agisse d’analyser un scanner, de conduire une voiture ou un avion, l’IA accomplit ces tâches aussi bien, si ce n’est mieux, qu’un humain.
Elle est devenue incontournable ; depuis les chatbots artificiellement intelligents qui soutiennent les équipes de service à la clientèle, jusqu’à l’automatisation des processus quotidiens fastidieux, l’intelligence artificielle s’intègre dans un plus grand nombre d’entreprises à travers un plus grand nombre de rôles.
Par ailleurs, elle est devenue capable d’activités plus créatives, comme le dessin ou l’écriture poétique. soit des tâches de plus en plus difficiles et sophistiquées.
D’après une étude menée par des chercheurs des universités d’Oxford et de Yale, l’IA pourrait remplacer un certain nombre d’emplois. On parle de « véritable révolution », qui concernerait l’ensemble des secteurs économiques ; la santé, le transport, les services bancaires, l’éducation…

Intelligence artificielle contre intelligence humaine

Et le secteur informatique n’est pas en reste.
En outre, la notion selon laquelle le codage est le seul apanage des humains arrive à son terme. Aujourd’hui, des programmes d’IA, de plus en plus intelligents et spécialisés dans l’écriture de code, sont en cours de développement.
L’un des plus remarquables est DeepCoder, un programme d’IA développé par Microsoft et l’Université de Cambridge. Il est non seulement capable de coder en récoltant les informations d’une vaste base de données, mais il peut aussi apprendre.
Une question s’impose: si l’intelligence artificielle peut déjà coder, qu’est-ce qui l’empêche de prendre la place de ses créateurs ? D’autant plus que certains spécialistes prédisent que les ordinateurs seront capables de remplacer les programmeurs d’ici 2040.
Cette question préoccupe apparemment certains informaticiens, puisque en 2016, une étude a révélé que 29 % des programmeurs craignaient d’être supplantés par l’intelligence artificielle.

Un outil, pas un remplaçant

J’ai posé la question à quelques informaticiens de ma connaissance, leurs réponses furent unanimes ; ils ne craignent pas que l’IA leur vole leur travail !
Arnaud, développeur senior dans une grande compagnie de services informatique m’a confié à ce sujet :

« Il est facile d’oublier que l’intelligence artificielle ne fait que ce qu’on lui dit de faire ! Les capacités de la technologie ont été bien exagérées, c’est parfois de l’ordre du fantasme. Certes, beaucoup de domaine seront transfigurés par l’avènement de l’IA, mais il ne faut garder à l’esprit que ce n’est pas une chose qui peut être installée, allumée et livrée à elle-même. L’IA actuelle n’est pas plus capable de remplacer les programmeurs qu’une calculatrice n’est capable de remplacer un mathématicien. »

Il a aussi souligné que tout type de fonction automatisée avait besoin d’une « assistance humaine » afin de suivre les progrès, d’affiner les processus et de gérer la prise de décision.
En d’autres termes, pour que les systèmes d’IA soient capables de « penser », il faut qu’ils soient continuellement formés et alimentés par d’énormes banques de données.
Les programmeurs sont justement ceux qui forment et alimentent l’intelligence artificielle.
Et bien que celle-ci soit en mesure d’écrire du code, elle n’a pas encore la capacité de s’assurer que le code qu’elle écrit soit le bon, ni ne comprend pas la valeur commerciale des fonctions. L’IA a besoin qu’on lui dise ce qu’il faut faire et ce qu’elle doit créer.
Il ne s’agit donc pas de « remplacement », mais d’alléger la charge de travail, de le rendre un peu plus facile et moins chronophage.
Loin de se substituer aux humains, l’intelligence artificielle continuera probablement d’être un outil d’optimisation des flux de travail. Il faudra sans doute repenser en profondeur la nature même du travail, et la question concerne d’innombrables autres emplois.

Laurent Alexandre, spécialiste français de l’intelligence artificielle, a déclaré à ce propos : « Ce ne sont pas les métiers qui vont disparaître, mais la forme selon laquelle ils sont pratiqués. Les métiers vont changer, évoluer, et d’autres vont apparaître. »

 

Par : Nesrine Briki, directrice éditoriale.

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