L’ONG mène depuis deux ans un projet à Madagascar, au Togo et en Syrie. Il consiste à scanner sur place les membres amputées pour créer un modèle 3D et fabriquer à distance une emboîture de prothèse. L’Inde vient d’être associée au dispositif.

Réaliser des prothèses orthopédiques en pleine brousse ou au beau milieu d’une guerre civile n’a évidemment rien d’évident. Depuis deux ans, Handicap International teste une solution : l’impression 3D. Le projet est mené dans trois pays pour trois contextes différents, un cadre urbain à Lomé, au Togo, des zones rurales de la province de Mahajanga à Madagascar et un site syrien en pleine zone de conflit mais pour lequel l’ONG garde la localisation confidentielle pour des raisons de sécurité. Au total, dix-neuf personnes, volontaires et déjà porteuses d’une prothèse au niveau d’un tibia sectionné, ont participé aux expérimentations. L’idée était de valider une méthode de fabrication qui, sur le papier, aurait le double avantage de simplifier la logistique de l’appareillage et de réduire les coûts.

Un modèle 3D pour créer une emboîture

Le moignon de l’amputé est scanné sur place par un petit scanner médical portable, les mesures récoltées sont transférées en Bulgarie, chez Prosfit Technologies, société spécialiste de prothèses de jambes partenaire du projet, où elles sont utilisées pour créer un modèle 3D sur un logiciel ad hoc de Prosfit, PandoFit. Il ne s’agit pas de modélisation de la prothèse proprement dite mais de celle de l’emboîture de cette dernière, c’est-à-dire la partie qui va s’adapter au moignon et relier celui-ci au membre artificiel.

Ce moulage numérique réalisé sur ordinateur est ensuite imprimé en 3D. Le résultat ainsi que le reste des composants de la prothèse est ensuite envoyé aux experts qui suivent les patients, sur le terrain, par un autre spécialiste de l’appareillage, le français Proteor.

Un premier bilan de l’opération a permis de constater que les emboîtures sorties d’une imprimante 3D rivalisaient sans problème avec celles réalisées sur place par le procédé traditionnel du moulage créé à même le membre sectionné. La possibilité de fabriquer ces appareillages à distance, l’un des principaux intérêts de la démarche, a lui aussi montré sa faisabilité. C’est le coût qui pose encore problème. L’ONG envisage de tester l’utilisation de matériaux locaux (fil de maïs au lieu du plastique) dans le cadre d’impressions sur place pour réduire la facture. Quoi qu’il en soit, selon une porte-parole de l’association, le projet s’étend à l’Inde pour l’année 2018. A Lomé, l’impression 3D va aussi concerner des orthèses, dont le besoin est en fait nettement supérieur à celui des prothèses.

Par: Arnaud Devillars

Souce: sciencesetavenir.fr

Share: