Frustration sexuelle Algerie

La jeunesse algérienne souffre aujourd’hui d’une frustration sexuelle qui pourrait causer, à long terme, une déflagration de l’économie du pays. Malgré cela l’Etat algérien s’acharne à gaspiller son capital futur : « la jeunesse ».

Représentant 70% de la population algérienne, cette jeunesse en majorité mal formée, secouée par une décennie de violence terroriste, étouffée par l’enfermement et le chômage, se retrouve maintenant privée d’un besoin humain fondamental « la sexualité ».

Frustration sexuelle ou avoir les moyens de ses pulsions

La mauvaise situation économique engendre la frustration sexuelle. 29,9% des jeunes sont au chômage, ce qui veut dire que 8 millions personnes n’ont pas forcément les moyens de se marier ou d’entretenir une relation amoureuse hors mariage.

Avec la crise du logement, les jeunes couples, vivant chacun chez leurs parents, optent pour les endroits publics cachés (plages, bois…) pour enfin pouvoir flirter à l’abri des regards…et plus si possibilité!

Panneau dans un quartier de Constantine interdisant l’accès aux couples non mariés. Photo: Al Kenz

BigBrother de la morale

Cette option reste néanmoins téméraire. En effet, la police des moeurs patrouille, interpelle et va même jusqu’à procéder à des examens de virginité, à l’instar de l’affaire de Cheraga en 2013. Pire encore, la population s’en mêle et certains individus conservateurs n’hésitent pas à traquer ceux qui s’encanaillent dans leur quartier comme sur cette video où les riverains chassent les couples de derrière les rochers.

Répression sexuelle et autoritarisme

Tous ces facteurs économiques et socio-politiques aggravent le mal-être des jeunes. Mais peut-être est-ce l’objectif recherché, car le puritanisme de la société, entretenu par le pouvoir, inhibe toutes tensions sexuelles chez ces citoyens. Ils deviennent alors des sujets dociles.

La répression sexuelle est la marque de fabrique de tout régime autoritaire et la religion son allié. Selon Wilhelm Reich, le but de ce type de politique est clair: « La répression de la sexualité paralyse les forces de révolte en l’homme, parce que toute pulsion agressive est chargée d’angoisse, elle entraîne par l’inhibition de la curiosité sexuelle, une inhibition générale de la pensée et de l’esprit critique ».

De dangereuses conséquences

Sauf qu’à force de jouer avec les pulsions humaines, les conséquences à long terme peuvent être désastreuses.

Sur le plan individuel, les jeunes soumis à ces pressions finissent par développer de graves pathologies psychologiques: Anesthésie affective, perte de confiance en soi, dépression, haine et jalousie, violence, notamment envers les femmes qui en deviennent le récipiendaire.

Ces états psychologiques mènent souvent à des maladies psychosomatiques complexes ou dans certains cas à une radicalisation idéologique et spirituelle exploitée par les extrémistes religieux.

Sur le plan collectif et à long terme, les conséquences promettent d’être une catastrophe économique. Si ces jeunes sont malades psychologiquement et physiquement, comment pourront-ils demain participer à la construction de leur pays? être une force créative et créatrice de richesses?

Le pétrole viendra à se tarir et l’Algérie devra compter sur toute sa jeunesse et pas seulement sur une élite minoritaire.

 

Par: Yasmine BRIKI

#economie #sexualité #analyse #gouvernance

Share: