Le Think Tank Génération Libre vient de publier un rapport d’une cinquantaine de pages en faveur de la légalisation du cannabis. Selon son président, l’essayiste philosophe Gaspard Koenig, il est nécessaire de rompre la politique d’hypocrisie liée à ce sujet et de légaliser la production, la vente et la consommation de cannabis à des fins récréatives, cela passerait par l’instauration d’un monopole d’État et la création d’un marché, régulé et taxé par l’État.

Ainsi, la légalisation permettrait une consommation plus responsable, une diminution de la criminalité, une hausse des rentrées fiscales, une prévention plus efficace, ainsi que des produits de meilleure qualité.

« La légalisation du cannabis est d’abord une question de liberté individuelle. Je m’en tiens à l’article 4 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen : “La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui”. Ce qui est indubitablement le cas de la consommation de drogues. Comment accepter qu’aujourd’hui encore des citoyens puissent finir derrière les barreaux simplement pour s’adonner à un plaisir personnel ?Au-delà de cette question de valeurs, la légalisation se justifie du simple point de vue utilitariste de la santé publique. Elle permet d’éradiquer les trafics, de contrôler la qualité des produits, et d’améliorer les programmes de prévention, notamment en direction des mineurs – sans même mentionner les bénéfices économique. » Affirme Gaspard Koenig.

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Cette proposition exclut les mineurs, et suggère au contraire que les mesures d’interdiction soient renforcées dans ce sens.

Le cannabis en quelques chiffres

Pour étayer ces propositions, le rapport rappelle que le cannabis est actuellement la troisième substance psychoactive la plus consommée dans le monde, après le tabac et l’alcool, et le premier produit illicite consommé par les jeunes en France.

Voici quelques données statistiques fournies par le rapport :

  • 182,5 millions de personnes ont consommé du cannabis dans le monde en 2014.
  • En Europe, 23,5 millions de personnes ont consommé du cannabis en 2015, soit 7% des adultes (entre 15 et 64 ans). Chez les jeunes adultes (entre 15 et 34 ans), cela représente presque 14% de la population en 2015.
  • En France, un peu plus de 40% des adultes ont consommé du cannabis au moins une fois au cours de leur vie (expérimentation) et 22% au cours des 12 derniers mois.
  • Les Français âgés de 15 à 34 ans ont la plus forte prévalence de consommation en Europe avec 22% qui ont fait usage du cannabis au cours de l’année écoulée.
  • 17 millions de Français ont déclaré avoir déjà consommé du cannabis une fois au moins dans leur vie.
  • 8,9 C’est la probabilité de transition vers des troubles addictifs que représente la consommation de cannabis, bien inférieure au tabac (67,5%), à l’alcool (22,7 %) et à la cocaïne (20,9 %) (Source : Lopez-Quintero et al. 2011).
  • Le cannabis serait 114 fois moins nocif que l’alcool (source : Scientific Report 2015.)
  • Le cannabis est actuellement la troisième substance psychoactive la plus consommée dans le monde, après le tabac et l’alcool, et le premier produit illicite consommé par les jeunes en France.

Le rapport ne remet pas en question les risques que peuvent entraîner la consommation du cannabis sur la santé physique, en revanche, il les met en perspective avec les risques liés à la consommation de produits en vente libre tel que le tabac et l’alcool.

La régulation serait un meilleur moyen d’encadrer les risques liés à la consommation du cannabis.

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Une Prohibition absurde

Le rapport rappelle que l’interdiction du cannabis en France remonterait à la loi du 12 juillet 1816, la première à classer le haschich parmi les stupéfiants.

Elle sera suivie par la loi du 31 décembre 1970, qui établit une distinction entre l’usager et le trafiquant, envers qui il convient de faire preuve de la plus grande sévérité. Le Code pénal de 1992 criminalise, quant à lui, le trafic de stupéfiants .

Le résultat de ces politiques successives de répression donne lieu à des peines disproportionnées ; le fumeur de cannabis est passible d’une peine d’un an d’emprisonnement, même s’il fume seul chez lui sans troubler ou porter atteinte à l’ordre public.

« Deux jeunes qui se passent un joint est de dix ans de prison et de 7,5 millions d’euros d’amende, sanction manifestement disproportionnée dans une société démocratique. Et ce n’est cependant rien à côté de ce que risque celui qui cultive du cannabis dans son jardin : vingt ans de

réclusion criminelle. » Peut-on lire dans le rapport.

Légalisation ne rime pas avec hausse de la consommation

L’un des arguments les plus avancé par les détracteurs de la légalisation consiste à dire qu’une telle politique favoriserait une hausse de la consommation, or, le rapport démontre qu’ il n’en est rien.

Le Colorado qui a légalisé le cannabis en 2015 n’a pas vu une augmentation de la consommation, mais bien au contraire, la légalisation semble favoriser une baisse de la consommation.

Les études américaines comparant les données entre les États ayant autorisé le cannabis médical et les autres ne montrent pas d’augmentation significative des consommations de cannabis chez les adolescents.

Autre exemple, le Portugal, où l’ensemble des drogues sont concernés par une dépénalisation à des fins récréatives avec des résultats très prometteurs, comme la diminution de l’ensemble de la consommation, et la diminution du taux d’agression.

Souvent, la dépénalisation constitue une première étape vers la légalisation, comme cela a été le cas pour plusieurs États américains.

Le rapport cite David Weinberger, sociologue à l’Institut National des Hautes Études de la sécurité et de la Justice (INHESJ), pour qui la dépénalisation permettrait uniquement de « désengorger les services de police et de justice mais n’aurait pas d’impact.»

Actuellement, l’Uruguay est le seul pays au monde où la consommation de cannabis à des fin récréatives est légale. Les États-Unis, l’Inde, le Népal et le Canada ont quant à eux établi une

légalisation partielle du cannabis.

En France, le débat n’en est encore qu’à ses balbutiements.

Retrouvez l’intégralité du rapport ici

Par : la rédaction.

 

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