Les téléspectateurs chinois aiment une femme de pouvoir. Le personnage le plus récent à avoir conquis les cœurs de la nation (chinoise) est Tang Jing, celle qui incarne une consultante âprement ambitieuse dans la série télévisé The First Half of My Life ( La première moitié de ma vie).

Rien ne résiste à la détermination de Tang, même si cela implique d’être en compétition avec son petit ami de longue date. Certes, Tang est peut être une superwoman fictive, n’en demeure pas moins que de plus en plus de femmes chinoises vivent comme elle dans la vraie vie.

 

Elles surpassent les hommes à l’université

Les statistiques officielles de la Chine montrent qu’il y a plus d’étudiantes que d’hommes dans les universités chinoises et que l’écart se creuse. Dans un pays où il y a plus d’hommes que de femmes et où de nombreuses familles accordent encore la priorité à l’éducation de leurs garçons, il est intéressant de voir que le ratio hommes / femmes est inversé sur le campus.

Certaines personnes soutiennent que le système éducatif chinois favorise les filles. Les données montrent que le rapport entre les sexes à l’école primaire est équilibré, mais commence à biaiser vers les filles à partir du lycée. Les experts disent que les filles se développent plus rapidement que les garçons dans leur groupe de pairs; et les filles sont meilleures à l’autodiscipline. En conséquence, les filles obtiennent souvent de meilleurs résultats scolaires et ont plus de chances d’aller à l’université.

De plus, avec l’ouverture de la Chine dans les années 1990, les collèges ont commencé à augmenter les inscriptions et à ouvrir de nouveaux cours considérés comme favorables aux femmes, tels que le commerce international, le marketing et les langues étrangères.

 

Une implication active dans le monde du travail

Les données de la Banque mondiale ont montré que la Chine se classait au premier rang mondial pour la participation des femmes au marché du travail en 2010, avec un taux de 73% supérieur à celui des hommes dans certains pays développés comme l’Italie et la Grèce. “Les femmes chinoises ont écrasé le monde” a titré un média chinois en décrivant le résultat. Ce taux a diminué ces dernières années, mais il reste que la majorité des femmes de la nation la plus peuplée du monde gagnent leur vie.

Les femmes chinoises sont également en train de trouver rapidement leur emploi dans les domaines STEM  (NDLR sciences, technologie, ingénierie et mathématiques).

Les données montrent que le nombre de cadres techniques et de cadres supérieurs féminins a atteint 6,6 millions en 2013, soit 44% du total, donc une augmentation de neuf points de pourcentage par rapport à 2000.

Avec les nouvelles technologies à leur portée, les femmes chinoises «tiennent la dragée haute» en ce qui concerne Internet. Les données du gouvernement montrent que les femmes créent 55% des nouvelles entreprises Internet en Chine et plus d’un quart des entrepreneurs sont des femmes. C’est un nombre beaucoup plus élevé que dans n’importe quel autre pays.

 

 

 

Encourager le commerce en ligne

 

Partout dans le monde, les femmes assument la responsabilité principale du commerce familial. Ce pouvoir n’est amplifié qu’avec les achats en ligne. Lors de la journée des célibataires l’année dernière, la plateforme d’Alibaba a enregistré un chiffre d’affaires impressionnant de 17,8 millions de dollars sur 24 heures. Il n’est donc pas surprenant que Jack Ma, fondateur d’Alibaba, ait parlé avec passion de la Conférence mondiale sur les femmes et l’entrepreneuriat de 2017, qualifiant les femmes de «sauce secrète» du succès d’Alibaba et souhaitant devenir une femme dans sa prochaine vie.

La croissance explosive des achats à travers la Chine sera encore alimentée par la nouvelle politique de deux enfants, avec l’augmentation inévitable de la catégorie des mères et des bébés. Ici, le prix est encore moins un facteur. Le marché représente environ 4,6 milliards de dollars et devrait croître de 15% chaque année.

Selon le Blue Book of Women’s Life 2017, la majorité des consommatrices chinoises sont d’accord avec un concept de consommation plus écologique. “Leur préférence pour le shopping devient plus économique, verte, respectueuse de l’environnement et de plus en plus motivée par la stratégie ‘Internet Plus'”, indique la recherche.

 

 

 

Générer de la richesse

 

Il y a 88 femmes milliardaires autodidactes dans le monde, et 56 femmes d’affaires chinoises parmi elles, soit les deux tiers de la liste Hurun, qui font de la Chine le meilleur endroit au monde pour devenir une femme entrepreneur.

Pourquoi la Chine produit-elle autant de femmes prospères dans les affaires? En regardant la situation dans son ensemble, cela pourrait être partiellement attribué au boom économique du pays dont cette génération a bénéficié au cours des trois dernières décennies.

Culturellement, l’éthique du travail acharné est profondément enracinée chez les femmes chinoises. Cela est démontré par les industries où se trouvent la plupart des milliardaires chinoises: beaucoup d’entre elles proviennent des secteurs des télécommunications, de la technologie et de la fabrication – des industries qui se connectent, créent et fabriquent – plutôt que des investissements ou des biens immobiliers.

En outre, la politique de l’enfant unique au cours des trente dernières années, couplée au soutien familial, grâce auquel les grands-mères aident à la garde des enfants, ont contribué à permettre aux femmes de poursuivre leurs rêves personnels au-delà de leurs responsabilités familiales.

 

Acheter des caisses de résonance et des Bitcoins

 

“Chinese Damas”, à savoir les femmes chinoises de plus de 40 ans, n’ont jamais cessé de créer des miracles économiques. Ce sont ces femmes qui ont mis le feu au marché moribond de l’or en 2013, en achetant 300 tonnes d’or en 10 jours.

En Chine, il est fréquent que la femme de la famille, en particulier la grand-mère, tienne les cordons de la bourse. Ils sont les clients privilégiés des marques de luxe, des agences de voyages et des salons de beauté. Ils sont également des acheteurs sérieux dans le marché boursier, immobilier, et même Bitcoins. Leurs achats collectifs leur ont valu leur renommée en tant qu ‘”arme secrète” de l’économie chinoise.

L’engouement des femmes de plus de 40 ans pour la Square Dance (NDLR-danse lente pratiquée à l’extérieur) a balayé la nation, dépassant les espaces publics dans le parc, les terrains de basket, les centres commerciaux et les programmes télévisés. Ce n’est pas seulement de la danse folklorique; Les damas dansent tous les styles, du flamenco à la rumba, et même au claquettes. Et c’est une grosse affaire. Selon une estimation prudente, les ventes en ligne de produits liés à la Square Dance totalisent plus de 3,9 millions de dollars par mois. Les innovateurs n’ont pas perdu de temps à développer des produits de haute technologie pour l’engouement, tels que la caisse de résonance antibruit, et des applications de type Tinder pour la mise en contact des danseurs.

 

 

Il ne fait aucun doute que les femmes chinoises prennent de l’envergure dans de nombreux aspects de leur vie. Mais il reste encore un long chemin à parcourir. Le dernier Rapport mondial sur l’écart entre les sexes suggère qu’il faudra au moins 100 ans pour combler l’écart homme/femme dans le monde, et la Chine est classée 100 sur 144 pays figurant dans le rapport.

Les facteurs culturels demeurent un obstacle formidable pour combler l’écart. Selon le rapport, le défi perpétuel de la Chine est le relation à la masculinité dès la naissance, qui, ne l’oublions pas, est le plus bas au monde. Les données montrent que les garçons sont toujours préférés en Chine, alors que les filles sont censées être «mariées». Même les femmes qui réussissent comme Tang Jing ne sont pas une exception. “Une femme puissante n’est pas mignonne”, “Une femme bourrelée n’est pas un matériel de mariage” et “Une femme de plus de 30 ans devrait mettre la priorité sur la famille”, n’étaient que quelques-uns des commentaires des téléspectateurs.

Avec un pays qui espère stimuler l’accouchement pour s’attaquer à une population vieillissante, les femmes font face à une route encore plus cahoteuse pour atteindre leur plein potentiel. Pour surmonter les multiples défis de l’égalité de rémunération, prendre soin de deux enfants, trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie privée et faire progresser sa carrière: il ne suffira pas aux femmes de se forger une conscience de soi plus forte et de poursuivre leurs efforts. Tout aussi important, leurs maris, leurs collègues masculins, le soutien du gouvernement et du public de la société ont un rôle plus important à jouer.

Après tout, notre but ultime n’est pas d’atteindre l’égalité par les nombres. Les femmes n’ont pas non plus besoin de se comporter comme des hommes pour réussir. Nous avons juste besoin de la liberté de choix pour vivre une vie selon nos propres termes.

Vivian Yang, Senior Media Manager, World Economic Forum Beijing Office

En collaboration ave le World Economic Forum, traduit de l’anglais par la rédaction

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