Suite à la crise post-électorale en Cote d’Ivoire avec l’arrivée d’Alassane Ouattara au pouvoir, la CI a entrepris de vastes chantiers en ce qui concerne la bonne gouvernance, notamment avec un souci profond de rassurer les bailleurs de fonds et les investisseurs privés.

Révision et réaménagement

Le premier chantier a consisté en un toilettage des textes juridiques pour les rendre conformes aux normes internationales et surtout les adapter aux objectifs socio-économiques du pays, vu que la plupart des textes étaient issus d’une période très lointaine et devenus de ce fait très vétustes pour la plupart d’entre eux.

Ainsi le code des investissements, le code des Mines, le code de l’électricité, le code forestier, les lois sociales ont été tous révisés.

Le second chantier va concerner, soit à réaménager les anciennes institutions, soit à mettre en place de nouvelles institutions consacrées à la promotion de la bonne gouvernance. Au nombre des nouvelles institutions, il y a la Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance (HABG) issue de l’ordonnance N°2013-660 du 20 Septembre 2013 relative à la prévention et à la lutte contre la corruption et les infractions assimilées, aussi d’une institution judiciaire spéciale qu’est le Tribunal du Commerce issu du décret N°2012-628- du 06 Juillet 2012.

La Cote d’Ivoire s’est dotée, pour une transparence, de la Commission d’Accès à l’Information d’Intérêt et aux Documents Publics (CAIDP) issue de la loi N°2013-867 du 23 décembre 2013. Sans oublier certaines structures publiques comme l’ULCR (Unité de Lutte Contre le Racket), l’Observatoire des Services Publics et bien d’autres.

Les choses ont tout de même bougé même si la récolte est maigre : une bonne gestion des ressources extractives soldée par une reconnaissance internationale avec toute l’économie entière.

Tous ces efforts marquent la volonté du Chef de l’État, S.E. M. Alassane Ouattara, de donner une nouvelle et bonne orientation à la gouvernance en Cote d’Ivoire. Malheureusement entre la volonté et la pratique subsistent de nombreux défis qu’il faut relever.

 6 défis cruciaux pour un futur meilleur

  • Parmi ces défis, le premier à relever est celui de la lutte contre l’impunité au sommet de l’État en mettant en pratique la Haute Cour de Justice, longtemps prévue par la Constitution mais qui n’est toujours pas effective. Celle-ci aura pour mission de juger les Ministres et le Chef de l’État en cas d’infractions. Sans cette institution judiciaire, les membres du sommet ne se sentiront jamais inquiétés.
  • Le second défi à relever est sans doute la lutte contre la corruption et les infractions assimilées. La Cote d’Ivoire a, certes, obtenu des points en terme de lutte contre ce mal, mais la corruption reste encore endémique et présente dans tous les secteurs d’activités. Elle accentue malheureusement les clivages sociaux (puisque les plus riches s’enrichissent et ce, illicitement et les plus pauvres s’appauvrissent davantage).
  • Le troisième défi est celui de mettre à la tête des institutions, et structures publiques et parapubliques, des hommes et des femmes qui soient en mesure d’exercer leurs fonctions en toute intégrité. Et cela passe nécessairement par la fin des nominations d’accointances, et par des nominations qui ne sont pas des nominations de remerciements à l’endroit des amis qui ont aidé le Chef de l’État à être au sommet. C’est très important car si une personne est désignée responsable d’institution pour ses relations politiques ou amicales avec le chef, il va de soi qu’elle soit moins productive .
  • Le quatrième défi est celui qui concerne les barons du parti ou groupement de partis politiques au pouvoir. Nombreux sont ceux qui font obstacles à la bonne gouvernance, notamment par le refus de déclarer leur patrimoine conformément à la loi, et surtout par l’abus d’autorité et par la multiplication des scandales financiers. Pour eux, après une ardente lutte qui a hissé au sommet de l’État Alassane Ouattara, l’heure est venue au partage du gâteau.
  • Le cinquième défi est celui d’une administration publique efficace, moderne, et capable de remodeler sa politique vis-à-vis des usagers, avec pour leitmotiv l’obligation de résultats. Ceci passe inévitablement par la qualité du recrutement des fonctionnaires et agents de l’État, beaucoup décrié par les ivoiriens, et un contrôle de leur travail.
  • Le sixième défi consiste à bâtir une société civile et induire une opposition politique forte et responsable pour un contre pouvoir réel. Ces deux entités font énormément défaut chez nous. Ce qui fait évidemment l’affaire du pouvoir qui s’adonne à des abus sans être inquiété, puisqu’il n’y a ni opposition politique, ni société civile dans les instances de décision.

Notre nation doit s’engager impérativement sur la voie de la bonne gouvernance. Cet engagement doit aller au-delà de simples déclarations et de mise en place d’institutions. Il faut une réelle volonté

de tous les acteurs (publics comme privés) pour que les choses changent.

Par Jean Yogaye Koné

Président de l’association JEUNESSE IVOIRIENNE POUR LA PROMOTION DE LA BONNE GOUVERNANCE.

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